PHOTAUMNALES

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où loge la mémoire

LE QUADRILATÈ RE
22 rue Saint-Pierre à BEAUVAIS
Téléphone : 03 44 15 67 00 (semaine)

du mardi au vendredi de 12h à 18h - samedi et dimanche de 10h à 18h
Fermé le 25 décembre

ENTRÉE LIBRE



Ambroise TÉZENAS - Sibylle BERGEMANN - Claude DITYVON - Patrick TOURNEBOEUF - Susan TRANGMAR - Cléa COUDSI & Eric HERBIN - Sophie ZÉNON - Jean-Pierre GILSON


  
Ambroise TÉZENAS
Tourisme de la désolation

TEZENAS BD 01
Ambroise Tézenas a enquêté sur le phénomène, connu dans le monde anglo-saxon sous le nom de « dark tourism », qui consiste à visiter des lieux marqués par la tragédie. Tremblements de terre, tsunamis, accidents, catastrophes industrielles, zones sinistrées ou miséreuses constituent autant de « destinations » et de sites potentiels dont la découverte est à même de combler la curiosité ambiguë d’un nombre croissant d’amateurs.
Le photographe a sélectionné une dizaine de lieux emblématiques, et s’est inscrit auprès des tour-opérateurs afin de vivre à l’identique et comme en immersion l’expérience d’un touriste lambda. Par souci d’exactitude, il a veillé à ne photographier que ce qui était donné à voir au visiteur.
Du massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944 jusqu’aux ruines du tremblement de terre de la province du Sichuan en Chine, en 2008, Ambroise Tézenas traverse le XXe siècle en passant, entre autres, par le Cambodge, le Rwanda, l’Ukraine ou le Liban. Il dresse un état des lieux de ces voyages organisés d’un nouveau genre, qu’il résume d’une phrase : « Ici, on vient vérifier un cauchemar ».

Né en 1972 à Paris, Ambroise Tézenas est diplômé de l’École d’arts appliqués de Vevey (Suisse) en 1994. Basé à Londres puis Paris, il est représenté par la galerie Mélanie Rio à Paris. Son travail est régulièrement publié dans la presse internationale et apparaît dans plusieurs ouvrages collectifs sur le paysage européen.
Tourisme de la désolation, Actes Sud, 2014

melanie rio fluency


www.ambroisetezenas.com     



   
Sibylle BERGEMANN 
Das Denkmal (The Monument)  

Une proposition du CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France, issue de sa collection  

BERGEMANN BD 01© Estate Sibylle Bergemann, Ostkreuz
Sibylle Bergemann réalise entre 1975 et 1986 un ensemble de photographies documentant la construction du Forum Marx-Engels dans le quartier Mitte de Berlin-Est. On suit à travers cette série, les différentes étapes de l’édification du monument. Il fut commandé par les autorités de la RDA pour rendre hommage aux pères fondateurs et théoriciens du mouvement communiste. Marx et Engels, figures statuaires en bronze placées au centre du forum ont été conçues par le sculpteur Ludwig Engelhardt. Dans le fil des images, ces deux grands hommes passent par tous les états : suspendus dans l’air, tronqués ou emballés, visions prémonitoires ici empreintes d’humour, à la fois oniriques et poétiques.
« Dans ses photographies, Sibylle Bergemann complète la réalité par ses propres rêves, poétise la banalité. Cela a rapport avec sa biographie, avec le pays qui s’appelait RDA et qui se sentait, pour diverses raisons, obligé de dégrader, de nettoyer, de couper/castrer. Les ourlets des jupes furent tirés vers le bas et les coins des bouches tirés vers le haut, l’enduit brisé fut retouché, les poubelles retirées. Durant ces années d’optimisme ordonné, la photographe a fixé le sérieux des choses. Face à l’individualité menacée, elle a répondu par les absurdités et tristesses. La mélancolie comme défense du subjectif, de l’individuel... l’incalculable.
— Extrait Jutta Voigt pour la revue Freitag »

Sibylle Bergemann (1941-2010) est l’une des chefs de file du renouveau de la photographie allemande. Devenue membre de l’Académie des Arts de Berlin après la réunification, elle a été l’une des co-fondatrices de l’agence de photographie OSTKREUZ aux côtés d’Arno Fisher.  

CRP




Claude DITYVON
Comme un souffle

DITYVON BD© Claude Dityvon, Bd St Michel Paris 5e, 24 mai 1968
« Ce que l’on nommait « les événements » devient, pour Claude Dityvon un véritable terrain d’aventures visuel. Il est déjà à la recherche de ce que l’on retrouvera développé plus tard dans ses images « la place de l’homme dans l’espace urbain ».
Dityvon partage et capte une ambiance, un état d’esprit, un air de liberté qui lui convient parfaitement. Lui qui disait, « La rue parlait. Moi, je parle. Et regarder c’est aussi une manière de parler », trouvait, sans effort apparent, avec une fluidité du cadre sans égale parce qu’il ne cherche pas à être démonstratif, une manière de poésie urbaine à ces moments d’affrontements intenses.

Alors, le Mai 68 de Claude Raimond-Dityvon est tout sauf un reportage. On pourrait le qualifier de chronique, au meilleur sens du terme, ou de journal,
presque de carnet de notes, comme s’il avait effectué un voyage dans un Paris troublé dans lequel il serait arrivé un peu par hasard. Pas d’image symbolique, pas de document pour accompagner les gros titres des quotidiens ou des magazines, pas de volonté de s’inscrire dans l’histoire. Juste un plaisir, sensible, d’avoir eu la chance d’être là, à ce moment-là, et de pouvoir capturer les images sans que les contraintes dévoilent le regard. Il a réussi à « donner à voir ce qui est entre les choses, ce qui ne se voit pas et qui ressemble à la musique des mots et au bruissement de la rue, son état des lieux ». Ce n’est pas rien. »
— Christian Caujolle
MAI 68 - État des lieux, CLAUDE DITYVON / André Frère Éditions

Claude Dityvon (1937-2008) reçoit le prix Niepce en 1970 et co-fonde en 1072 l’Agence Viva qu’il dirigera jusqu’en 1980 avec son épouse Chris. Il laisse une oeuvre importante aux thématiques variées, avec toujours l’Homme pour sujet central. 

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Patrick TOURNEBOEUF
Stèles, les invisibles (création)

TOURNEBOEUF BD 02
Depuis 2003, Patrick Tourneboeuf consacre une partie de son propos à la fixation des stigmates de l’Histoire, avec quatre séries : La Cicatrice, sur les traces du mur de Berlin, La mémoire du jour J, sur les plages du débarquement en Normandie, Monolith sur la disparition naturelle des blockhaus dans les paysages du littoral et Stèles, sur les monuments aux morts de la Grande Guerre.
Dans chaque commune, une trace du conflit est préservée en l‘honneur des disparus de la Grande Guerre : les monuments aux morts sont devenus des stèles au coeur même de la cité. Ils se retrouvent sur le parvis des mairies, sur la place des marchés, devant l’église ou au milieu du cimetière, comme des points de repère.
Ces premières traces de commémoration témoignent de cette histoire reliant l’intime à l’universel, révélant pour chaque commune son positionnement par le choix de l’implantation géographique du monument, de la représentation métaphorique, politique ou tout simplement des moyens économiques disponibles. Ces stèles préservent de l’oubli des actes et surtout des noms de tous ceux qui ont vécu l’indicible de la guerre. Commandées à des artistes de pratique et d’origine différentes, ces sculptures ont été dressées là, telles de hautes figures élevées contre le temps. Elles pérennisent la douleur du pays par allégorie, et transcendent ainsi le souvenir.

Né en 1966 à Paris, Patrick Tourneboeuf est membre du collectif Tendance Floue.

http://tendancefloue.net

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Susan TRANGMAR
UNFOUND (film 23'42'')

TRANGMAR BD 01
On commence par identifier un lieu sur une carte. Puis on atteint ce lieu en voiture ou à pied. Une première visite coïncide avec l’arrivée d’un printemps verdoyant et fertile. Les cimetières surgissent de façon inopinée ici et là dans le paysage. Leur sérénité intime ou leur nudité brute, exposée, a de quoi bouleverser.
ROSSIGNOL WOOD. SUNKEN ROAD. Pénétrer dans une de ces enceintes, c’est toujours avoir l’impression de franchir une frontière. La nature florissante rôde à proximité, prête à reconquérir le terrain. GUARDS. QUEENS. GUNNERS.
Parcourir les allées, inspecter chaque pierre tombale, se sentir obligé de prêter attention à chaque nom, chaque inscription, chaque mémorial, même si cela est impossible. Plus on lit de noms, moins l’imagination est à même de donner un sens à l’ampleur de la destruction dont ils témoignent. Les noms s’entassent en un amas monstrueux de possibilités gaspillées. BITTER.
Pour certains, l’oubli s’impose comme le seul moyen de poursuivre. Pour d’autres, revenir est une obsession. L’écriture est toujours là, à disposition, pour tenter une explication, reformuler, traduire.

Susan Trangmar est née à Brighton. Elle a travaillé pendant de nombreuses années avec l’image photographique dans une variété de médias : la photographie fixe, l’installation de projections, l’image en mouvement et le son. Elle vit et travaille à Londres, où elle est maître de conférences en beaux-arts, à Central Saint Martins UAL à Londres.

Susan Trangmar a été accueillie en résidence par Diaphane en 2016 dans le cadre du centenaire de la bataille de la Somme.
UNFOUND est publié sous forme d’un livret-DVD par Diaphane éditions.

www.susantrangmar.com  

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Cléa COUDSI & Éric HERBIN
Les soupirants / Chemins sur feuille d’être

COUDSI BD 01
Lors de leur résidence à l’Historial de la Grande-Guerre de Péronne, Cléa Coudsi et Éric Herbin ont ramassé des feuilles d’arbre ici et là. Chaque feuille est la trace du lieu où elle a été ramassée, chaque feuille est un morceau de paysage. Sur ces feuilles ils ont gravé, « tatoué » à l’aide d’un laser deux séries d’images : des visages (Chemins sur feuille d’être) et des textes (Les soupirants).
Cette technique leur a été inspirée par une série de feuilles séchées et évidées conservées à l’Historial de la Grande Guerre. Ces feuilles quasiment intactes semblent avoir échappé aux instabilités du temps. Les textes sont constitués d’extraits de correspondances rédigées pendant la Grande Guerre. La typographie choisie pour retranscrire les fragments épistolaires est celle utilisée pour les mots gravés sur le marbre des monuments mémoriaux. La précarité du végétal séché remplace l’éternité du marbre. Les éclats épistolaires se substituent aux alignements de noms et de dates.
Les nervures des feuilles évoquent des réseaux nerveux, des cartes géographiques. Par cette technique le motif (qu’il soit portrait ou texte) fusionne avec son support.

Cette création a été réalisée en 2016-2017 dans le cadre du projet Paysages en résonance, produit par l’Historial de la Grande Guerre, Péronne - Thiepval, avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France.

Cléa Coudsi est née en 1980, Éric Herbin est né en 1979. Ils vivent et travaillent tous deux à Lille.
Ils ont étudié à l’École des beaux-arts de Dunkerque, de Dijon et d’Aix-en-Provence ainsi qu’au Fresnoy, Studio national des arts contemporains. Ils partagent un espace de travail commun depuis l’année 2002. Leurs oeuvres mêlent la vidéo, le son, la mécanique et la photographie.

www.paysagesenresonance.fr   HGG Logo general CMYK



   
Sophie ZÉNON
Pour Vivre ici - Photographies et film (17’12’’)

 

ZENON BD 01bisLippische Schweiz - Tirage fine art et gravure sur verre

Située sur la crête des Vosges, la forêt du Hartmannswillerkopf (HWK - Haut-Rhin) est un lieu emblématique et stratégique de la première guerre mondiale. Surnommée par les Français « la mangeuse d’hommes », par les Allemands « la montagne de la mort », ce sont près de 15.000 hommes, Français et Allemands confondus, qui meurent dans des combats effroyables, particulièrement au cours de l’année 1915.

Sophie Zénon aborde la question de la restitution de la mémoire de ce lieu de conflit dont la spécificité alsacienne et de guerre de montagne est d’avoir eu sa ligne de front précisément à la frontière entre la France et l’Allemagne. Les notions d’identité, de frontière, inscrivent ce projet de plain-pied dans l’histoire contemporaine, à un moment précis de notre histoire où l’Europe est menacée, confrontée à la montée des nationalismes et où jamais dans le monde, il n’y a aura eu autant de murs dressés entre les peuples. Pour vivre ici, titre emprunté à un poème de Paul Eluard, puise sa source dans une mémoire du conflit encore aujourd’hui très vive parmi la population. À mi-chemin entre recherches documentaires et esthétiques, ce travail propose une interprétation du lieu à partir de sa forêt et une approche du site, tant par ceux qui le vivent, le côtoient, le pratiquent aujourd’hui, que par les soldats en 1914-1918. Comment vit-on aujourd’hui, dans les communes alentours, la proximité d'un lieu chargé de tant tragédies ? Et comment faisaient les soldats en 14-18 pour survivre à cet enfer ?
Raoul Ermel, menuisier vivant à Wattwiller, témoigne de manière sensible de sa relation à la forêt. Ses commentaires d’une sélection de photographies d’arbres réalisés par Sophie Zénon, nous disent de l’émerveillement mais aussi des croyances populaires attachées au lieu. En contrepoint, Manuela Morgaine, artiste, lit des passages du journal de l’aspirant Henri Martin, (Le Vieil Armand. 1915, Payot 1936) choisi pour ses qualités littéraires et pour sa profonde humanité. Lus par une femme, c’est la forêt elle-même qui s’exprime.

Née en Seine-Maritime en 1965, historienne et ethnologue de formation, Sophie Zénon interroge la mémoire, notre relation aux ancêtres et à la filiation à travers une production protéiforme : séries photographiques, livres d’artistes, installations ou vidéos. Elle est représentée à Paris par la galerie Thessa Herold, Les Comptoirs alésiens (Arles), la galerie Schilt (Pays-Bas)

Pour vivre ici, éditions Loco, 2018 (à paraître)

www.sophiezenon.com

 
 
Jean-Pierre GILSON
le front de l'aube

GILSON BD 01
Ces images nous frappent car elles rappellent singulièrement l’aspect des paysages avant le début des combats et des bombardements massifs d’artillerie.
On remarque leur platitude, leur manque de relief, les rares abris qu’ils offrent, à tel point que le moindre bouquet d’arbres, le moindre chemin creux, le moindre vallon se muait immédiatement en position stratégique, en avantage tactique. Il est presque impossible, aujourd’hui, de regarder ces scènes de quiétude rurale sans en discerner le potentiel militaire.
Mais ces photographies sont beaucoup plus qu’un simple témoignage historique — elles sont mémorables en tant que telles, et nous révèlent quel grand photographe de paysage est Jean-Pierre Gilson.
La critique américaine Janet Malcolm affirme : « Grattez une photo de grande qualité, et vous découvrirez le tableau qui se cache en dessous ». Cet aphorisme n’est peut-être jamais aussi vrai que lorsqu’il s’agit de paysages. Cette analogie a cependant une limite : quasiment aucun paysage peint n’est monochrome. Et c’est la monochromie des paysages de Gilson qui les rend particulièrement mémorables, en fait des images exceptionnelles et non de simples relevés topographiques.
— William Boyd

Né en 1948 à Compiègne, Jean-Pierre Gilson se consacre à une photographie d’auteur orientée vers le paysage.

le front de l’aube, Maryline Desbiolles, Jean-Pierre Gilson, éditions des Cendres, 2017

www.jpgilson.fr 
 

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