PHOTAUMNALES

COULEURS PAYS

Véronique Masini
,

commissaire pour la photographie historique
Fred Boucher,
commissaire pour la photographie contemporaine

14 octobre -31 décembre 2017


Inauguration le samedi 14 octobre à 14h30

LE QUADRILATÈRE
22 rue Saint-Pierre à BEAUVAIS
Téléphone : 03 44 15 67 00 (semaine)

du mardi au vendredi de 12h à 18h - samedi et dimanche de 10h à 18h

Fermé le 25 décembre


Avec les oeuvres de :


Armand BENOÎT-JEANNETTE - Denise COLOMB - Arlette ROSA-LAMEYNARDIE - Félix ROSE-ROSETTE - Collection Fondation CLÉMENT - Adolphe CATAN - Joseph ZOBEL - Collection EXBRAYAT - Jean-Baptiste BARRET - Steeve CAZAUX - Robert CHARLOTTE - Charles CHULEM-ROUSSEAU - David DAMOISON - Sylvain DUFFARD - Mujesira ELEZOVIC - Gilles ELIE-DIT-COSAQUE - Daniel GOUDROUFFE - Anabell GUERRERO - Nadia HUGGINS - Françoise HUGUIER - Jean-Luc de LAGUARIGUE - Yohann LAMON - Jean-François MANICOM - Nicolas NABAJOTH - Weena OUENSANGA - Magali PAULIN - Jean POPINCOURT - Shirley RUFIN - Les Étudiants du Campus Caraïbéen des Arts de la Martinique


 

Armand BENOIT-JEANNETTE
La vie au grand air

Benoit Jeannette

© Musée d'Histoire et d'Ethnographie de Martinique

Homme curieux et passionné par les innovations de son temps, Armand Benoit-Jeannette compte parmi les rares, au début du XXème siècle, à posséder une automobile et une chambre photographique.
Il pratique la photographie en amateur, le dimanche, ou à ses heures perdues. Sillonnant l’île avec sa famille, il documente avec brio et spontanéité la vie quotidienne : scènes de rue, activités portuaires et agricoles, vie rurale, sorties en bord de mer. Il s’adonne aussi au portrait académique en improvisant un studio photo dans la cour de sa maison, éclairé uniquement par la lumière naturelle.
Mais il se présente avant tout comme un éditeur de cartes postales, principalement de ses propres images. Il en produit plus d’un millier, vendues notamment au Bazar des nouveautés, commerce que possédait sa femme en plein centre-ville.


Armand Benoit-Jeannette (vers 1882 en Martinique - vers 1970) est l’un des photographes et éditeurs de cartes postales les plus prolifiques de son époque. Son activité s’étend de 1900 à 1950.
La collection de cartes postales et de plaques de verre est conservée au Musée d'Histoire et d'Ethnographie de la Martinique, à Fort-de-France.


 

Denise COLOMB
Denise Colomb aux Antilles

Colomb
© Médiathèque de l'architecture et du patrimoine

Connue pour ses nombreux portraits d’artistes du XXème siècle, Denise Colomb, soeur du célèbre galeriste parisien Pierre Loeb, fréquente le monde des artistes qu’elle n’aura de cesse de photographier dans le décor de leur atelier. Inscrite dans le courant humaniste, ses collaborations avec les revues Regards, Le Photographe, Réalités sont l’occasion de voyages de par le monde.
En 1948, dans le cadre des commémorations du centenaire de l’abolition de l’esclavage dans les Antilles françaises, elle fut missionnée avec Michel Leiris et sous le parrainage d’Aimé Césaire, pour porter un regard qui rende compte de la complexité et des disparités sociales de la société antillaise. Elle y retourne en 1958 pour la Compagnie Générale Transatlantique. De ces voyages, elle rapporte des images d’une grande humanité, instantanés de rencontres vraies, révélant la grâce et la profondeur d’un peuple bien vivant.


Denise Colomb (1902 à Paris - 2004) réalise ses premières images dans les années 1930 en Indochine, au Vietnam, au Cambodge et jusqu’en Chine. Après une interruption pendant la guerre, elle reprend son activité entre reportage et portraits d’artistes.
Denise Colomb aux Antilles. De la légende à la réalité, 1948-1958. Coédition Filigranes / Éditions du Jeu de Paume, 2009
Le fonds est conservé à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, au département de la photographie de Montigny-le-Bretonneux.


 

Arlette ROSA-LAMEYNARDIE
Chemin faisant

Rosa Lameynardie

© Musée d'Archéologie Précolombienne de la Préhistoire de Martinique / Archives de la Martinique

Arlette Rosa-Lameynardie débute sa carrière de photographe au service de l’agence du Parti Communiste Français dans les années 1950, puis travaille à L’Humanité, Ce Soir. Ses collaborations avec la revue Regards, entre 1952 et 1959, l’amènent à voyager dans les pays d’Europe de l’Est, mais aussi au Vietnam et en Chine.
Elle s’installe en Martinique en 1961, avec son mari originaire de l’île, et ouvre un studio à Fort-de-France. L’esprit vagabond, elle ne sort jamais sans ses appareils et, chemin faisant, capte les scènes qui s’offrent à elle, sans idée préconçue, mais avec l’oeil de la reporter-photographe qu’elle a toujours été. La rue, le marché, la pêche, le carnaval ou encore les visites officielles, sont autant de motifs qui l’inspirent. Ses images constituent un témoignage tout en discrétion et sobriété de la vie sur l’île, entre les années 1960 et les années 1980.

Arlette Rosa-Lameynardie est née en 1930 à Paris, elle vit à Schoelcher en Martinique.
"Regards sur la Martinique des années soixante", Arlette Rosa-Lameynardie, texte Roland Suvélor, éditions Exbrayat, 1989.
Exposition réalisée en partenariat avec la Collectivité Territoriale de Martinique - Archives de la Martinique qui gèrent le fonds Arlette Rosa-Lameynardie.



 

Félix ROSE-ROSETTE
Recettes traditionnelles

Rose Rosette

© Musée d'Histoire et d'Ethnographie de Martinique

Pratiquant la photographie en amateur, nombre de ses images ont été éditées sous forme de cartes postales. La collection court sur une période allant de 1960 à 1982. Elle rassemble des vues d’architecture et de paysages, de faune et de flore, ainsi que des scènes de la vie quotidienne et traditionnelle, dont une série de recettes de cuisine.
Ces recettes illustrées sont une reconstitution sans artifice, au plus près des habitudes gastronomiques locales. Tout est vrai, la nappe, la vaisselle, les personnages, les crabes farcis ou la soupe Z’Habitants. L’exotisme de ces images réside dans leur grand naturel, c’est cru et savoureux !


Félix Rose-Rosette (1913-1987) est né à la Martinique, aux Trois-Îlets. Après des études à la Sorbonne où il obtient une licence en espagnol, il retourne à la Martinique et y exerce un métier d’intermédiaire dans l’exportation de la banane.
La collection est conservée au Musée d'Histoire et d'Ethnographie de la Martinique.


 

Collection Fondation CLÉMENT
Vues stéréoscopiques des îles antillaises, début XXe

Fondation Clement

© Fondation Clément

Créée en 2005 sur l’Habitation Clément, au sud-est de la Martinique, la Fondation Clément mène des actions de mécénat en faveur des arts et du patrimoine culturel à la Martinique et soutient la création contemporaine en organisant des expositions d’artistes, principalement caribéens.
Elle conserve une importante collection documentaire : des archives privées, une bibliothèque consacrée à l’histoire de la Caraïbe, et un fonds iconographique du XVIIème siècle à nos jours, riche de gravures, cartes géographiques anciennes, plaques de verres et cartes postales.
Un remarquable ensemble de vues stéréoscopiques provenant de grands éditeurs américains donne à voir les Antilles au tout début du XXème siècle. En particulier, une impressionnante série sur Saint-Pierre après l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 qui détruisit totalement la ville, alors capitale des Antilles françaises.

Cette collection est conservée à la bibliothèque de la Fondation Clément, Le François.


 

Adolphe CATAN-BOURJAC
Photographe ambulant

Catan

Photographe ambulant, Adolphe Catan-Bourjac est allé durant 50 ans à la rencontre des Guadeloupéens pour leur « tirer » le portrait.
Photographe en toutes circonstances, il n’a jamais cessé de capter des images du monde qui l’entourait : « Partout où nous allions, il prenait son appareil (…), comme d’autres chaussent leurs lunettes, et à sa taille, une sacoche pleine de pellicules (…). Nous allions à la plage, il prenait le rivage, les baigneurs, les carbets, les promeneurs... Il est vrai qu’alors, être pris en photo relevait de la flatterie, et personne ne se serait opposé à poser pour le père Catan ». (propos de sa fille Annick).
Il est aussi l’un des premiers photographes guadeloupéens à rehausser en couleur, et à la main, ses clichés noir et blanc.

Adolphe Catan-Bourjac (1899-1979) est né en Guadeloupe (commune de Vieux-Habitants). Parti étudier la photographie à Paris en 1920, il découvre le métier dans les ateliers des frères Lumière. A son retour en Guadeloupe, il est nommé photographe officiel des gouverneurs et immortalise ainsi nombre d’hommes politiques en visite dans l’île.
Le fonds est conservé à Basse-Terre par l'association Photo-Cat, créée et gérée par ses enfants.


 

Joseph ZOBEL
Zobel

« Après le décès de papi, ma tante Jenny a retrouvé une boîte remplie de vieux négatifs photo. (...)
Sur la table lumineuse mon grand-père se dévoilait dans un passé qui m’était alors inconnu. Ses photographies révélaient son arrivée en France, son installation à Fontainebleau, la découverte de cette terre d’adoption, mais aussi l’attention particulière avec laquelle il observait les personnes qui l’entouraient, autant les amis, les gens de passage que sa famille. Lui, qui dans son oeuvre avait su merveilleusement décrire le paysage, se révélait être un écrivain de la lumière.
Dans ses images, on retrouve des visages, le quotidien, la famille, la vie. Associées à son journal intime et certaines de ses correspondances, ces photographies prennent alors tout leur sens. Elles sont le témoignage de cet homme qui a pris un bateau pour aller au-devant de ses rêves, malgré les sacrifices, les a priori et les doutes ».
Charlotte Zobel

Joseph Zobel (1915-2006) est né à Rivière-Salée, dans le Sud de la Martinique. Romancier, il est notamment l’auteur de La Rue Case-Nègres, qui fut adapté au cinéma.
Née en 1979, Charlotte Zobel vit et travaille dans le sud de la France. Elle est diplômée du Collège of Technology section design et photography de Leeds et de l’ETPA de Toulouse.



 

Collection EXBRAYAT
Collection Exbrayat

André Exbrayat né à Saint-Agrève en Ardèche en 1942, bourlingue depuis ses 18 ans en Algérie d’abord, où il tombe amoureux du désert - c’est là que prend naissance son amour de la photo - puis en différents pays d’Europe. Passionné par l’image, il se perfectionne seul en autodidacte, achetant et étudiant livres et cartes postales.
Il arrive à la Martinique en 1980 comme enseignant. En 1981, il décide de créer une petite collection et crée sa propre maison d’édition. Il abandonne son métier d’enseignant.
Aujourd’hui, les Éditions Exbrayat sont orientées vers la publication de livres, et en particulier des livres d’enfants et ont, à ce jour, édité plus de 275 livres et quelques milliers de cartes postales.


www.exbrayat.com


   

Jean-Baptiste BARRET

Barret

Alma Mater

En dehors de sa richesse biologique, la forêt tropicale est un univers symbolique où se crée un ensemble plus ou moins conscient d’images mentales. (...) Longtemps mon regard est resté bloqué ou méfiant devant cet univers monochrome et abscons. Petit à petit sa valeur plastique est devenue évidente et le seuil émotionnel a ouvert le rideau au regard photographique.

Observatoire Photographique des Paysages Martiniquais

Avec la commande de la Direction Régionale de l’Environnement, Jean-Baptiste Barret a développé depuis 2007 un travail photographique à travers l’île dans le cadre de l’Observatoire photographique de la Martinique. Sa recherche sur la paysage se situe dans la droite lignée de la mission de la Datar. Observateur averti, il nous transporte sans artifice dans des paysages intérieurs où se révèle l'âme de cette île.


Né en 1960, Jean-Baptiste Barret réside à Fort-de-France. Archéologue de formation, il a fait de la photographie son métier depuis 1991. Il a été lauréat en 2002 du prix Arcimboldo, décerné par Gens d’Image, la Fondation HP et la Maison Européenne de la Photographie à Paris.


www.jbbarret-photographe.net


 

Steeve CAZAUX
Qui sommes-nous ?

Cazaux

Nous Caraïbéens, Guadeloupéens, insulaires, islanders, île ou l’on dit « si ou rivé gwada ou pé rivé tout koté » « si tu réussis en Guadeloupe alors dans ce cas tu peux réussir partout ailleurs ! ».
Nous sommes la somme des choses que nous avons vécus. (...)
Nous ! Fils et filles de, nous mères et pères de.
Nous morts, nous vivants.
Qui sommes-nous ?
Je ne sais toujours pas…
Alors je regarde et je ressens, je laisse venir.
Je constate seulement, que la chose la plus physique, la plus palpable de cette énigme qu’est notre Guadeloupe est le parfum, l’ambiance, le mysticisme.


Né en Guadeloupe, Steeve Cazaux est auteur, réalisateur.


www.steevecazaux.com


  

Robert CHARLOTTE

Charlotte

Garifunas et descendants

Les Garifunas sont issus du métissage entre esclaves africains évadés (les nègres marrons) et autochtones (Caraïbes et Arawaks). Leur métissage traduit une filiation entre traditions africaines et culture caribéenne. Pour en écrire le portrait, Robert Charlotte les a rencontré à Saint-Vincent aux côtés de l’anthropologue Vanessa Demirciyan. Il poursuit ce projet en Amérique du Sud.
Robert Charlotte, portraitiste, joue avec la lumière artificielle et la pose non sans rappeler l'esthétique de Luc Choquer dans les années 80. Maîtrisant parfaitement l'éclairage et son impact sur la couleur, il n'en est pas moins attentif au travail de la mise en scène posée.

 

Véyé Lavi'w !

« Comme tout Martiniquais, je connaissais l’existence des pitts* sans pour autant les avoir réellement fréquentés. Dès ma première séance au pitt, une grande émotion s’est dégagée de cet univers. Point de barbarie ni de violence. Une grande humanité s’est imposée ».
En choisissant de réaliser ses images à la tombée de la nuit, Robert Charlotte retranscrit parfaitement ce moment de bascule si rapide de la muière dans cette partie du monde. Ces images saturées en couleur et hyper réalistes nous transportent dans le monde réel des traditions populaires.

* Le pitt est cet abri en forme d’arène où se retrouvent en son mitan deux coqs sauvages pour combattre.


Robert Charlotte est né en 1966 à la Martinique où il a grandi et réside. Après une école de photographie, il a réalisé des prises de vues industrielles et publicitaires à Paris pendant 10 ans, tout en ne négligeant pas le reportage et l'illustration. En 1994, il est de retour à la Martinique.


http://rcharlottecrs.wixsite.com


  

Charles CHULEM-ROUSSEAU

Mi màs Gwadloup

Chulem Rousseau

Tambours à peau, rites païens et art du masque (l’emblème spirituel du pays), ont remplacé les chars et les caisses claires, portés par des mouvements comme Akiyo et Voukoum. Des mouvements qu’ont suivis les photographes Agnès Dahan et Charles Chulem-Rousseau, délivrant de leurs éclairages innovants et sans artifices des clichés inattendus sur cette spécificité carnavalesque guadeloupéenne.
Mi màs Gwadloup, Le Factotum, 2016


Né Charles Chulem-Rousseau est né à Pointe-à-Pitre en 1970. Il a étudié la photographie à la MJM, école de l’image et du design de Rennes. De retour dans son pays natal depuis une dizaine d’années, son travail est d’une grande diversité passant du noir et blanc à la couleur, du numérique à l’argentique, du portrait à la photographie documentaire puis à l’abstrait.


   

David DAMOISON
Usine et habitation du Galion

Damoison

De Cuba à Haïti, de La Dominique à la Guadeloupe ou la Martinique, du Congo au Mali, David Damoison a réalisé des séries de photos qui ont fait l’objet de diverses expositions et publications.
Ses images interrogent les identités créoles et africaines à travers les territoires parcourus. Il a notamment collaboré avec des écrivains comme Raphaël Confiant pour Les Maîtres de la parole créole (éditions Gallimard).


Né en 1963, David Damoison vit et travaille à Paris.

http://damoison.com



Sylvain DUFFARD
Paysages incertains

Duffard

Sylvain Duffard a parcouru l’archipel de Guadeloupe lors de deux séjours, en juillet 2016 puis en mars 2017, poursuivant un travail photographique relatif au paysage habité, au paysage familier entamé il y a une dizaine d’années. Comme en contrechamp des représentations paysagères normées que véhicule l’imagerie touristique, ici comme ailleurs, il observe des paysages du quotidien et porte une attention particulière à la place que l’homme y occupe.
Travaillant aux points de rencontre, de friction entre « paysage politique » (fruit d’une vision, d’une approche descendante) et « paysage vernaculaire » (où trouve à s’exprimer le milieu naturel comme les pratiques et usages locaux), Sylvain Duffard met notamment en scène le combat à l’oeuvre entre des dynamiques végétales particulièrement vivaces en milieu tropical et celles de l’urbanisation intensive que connaît le territoire guadeloupéen.


Né en 1975, Sylvain Duffard est photographe indépendant. Il vit et travaille à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Extrait de l'itinéraire de l'observatoire photographique du paysage de l'archipel de Guadeloupe (2016-2017) ; commande de la Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de la Guadeloupe.

www.sylvainduffard.com


  

Mujesira ELEZOVIC
Peuple sans visage

Elezovic

La série « Peuple sans visage » regroupe 14 photographies argentiques noir et blanc réalisées en Martinique en 2012.
Un matin à l’aube, je suis passée devant un champ de bananes et j’ai été submergée par ces corps en décomposition. Je me suis dit qu’un jour je les fixerai à travers la photographie, ce que j’ai fait des années après. J’ai photographié ces bananiers comme des portraits. J’aime dans les sujets que j’aborde, décontextualiser la prise de vues, donner le moins d’indices possible pour inviter le spectateur à un autre espace. Ces corps végétaux anthropomorphiques nous renvoient à notre propre condition humaine.

Mujesira Elezovic est née en 1977 à Audincourt (France). Elle obtient son Diplôme national d’études supérieures en Art à l’Institut d’Art Visuel de Martinique et choisit la photographie comme spécialité.

 


 

Gilles ELIE-DIT-COSAQUE
Lambeaux

Elie Dit Cosaque

« Lambeaux » est un journal intime reconstitué à partir d’éléments disparates. Un journal intime fantasmé, ou l’intime et le collectif se mêlent dans des pages éclatées, apparaissant ou disparaissant au gré des présentations.
Un journal en mouvement où les messages se nichent davantage dans l’espace entre chaque page que dans celles-ci. « Lambeaux » est une mémoire créole. Créole au sens géographique et spirituel. On pourrait dire, pour construire un affreux mot à partir du concept d’Édouard Glissant, une mémoire « créolisationnée ». Une mémoire née « des données du monde absolument hétérogènes les unes par rapport aux autres, se rencontrant dans un lieu et dans un temps donné et qui, à une vitesse foudroyante, fabriquent une nouvelle donnée culturelle complexe et multiple ».


Né en 1968, Gilles Elie-dit-Cosaque est réalisateur, photographe et graphiste. En 2003, il crée sa structure de production, La Maison Garage à Montrouge.

www.lamaisongarage.fr

 


   

Daniel GOUDROUFFE
Beyond Paradise

Goudrouffe

Chez Goudrouffe, la photographie révèle l’expression d’une sensibilité perspicace et d’une vision empathique du monde que ce soit dans la Caraïbe, en Amérique ou en Afrique. Sa planche de salut, la photographie documentaire argentique le porte au plus près des sillons de quotidiens ordinaires et parfois ardus de femmes et d’hommes anonymes.
En tant qu’unique gardien de ce procédé complexe en Guadeloupe, Goudrouffe cultive l’art du détail. L’exigence de l’argentique convoque un rythme lent entrecoupé de nombreuses étapes avant les tirages, difficilement conciliable avec l’urgence de certains supports médiatiques. L’attention prononcée aux nuances de gris, à la profondeur du noir, l’interprétation des contrastes, la recherche des ombres sont autant de composantes de son travail captivant.


Daniel Goudrouffe est né en France en 1970. Il a grandi en Guadeloupe et vit et enseigne la photographie aux Etats-Unis.

http://danielgoudrouffe.com

 


 

Anabell GUERRERO
Les Pierrotines

   Guerrero 5   Guerrero 8Guerrero 4

Quelque chose de magique émane des femmes-totems d’Anabell Guerrero. Leur démesure permet un dépassement immédiat de leur réalité de femmes, pour nous installer dans ce qu’elles ont de solennel, de digne, de profond, de chargé d’histoires, de mémoires, de rêves, de déceptions, d’espoirs. Anabell parvient toujours à capter mieux qu’une longue silhouette : une concentration de vie qu’elle amplifie infiniment.
Cette amplification ne peut que fasciner le regard et nous faire découvrir ensemble tout à la fois : des individualités élevées au rang des archétypes et une rémanence de ce que le féminin a de plus émouvant, et donc de plus puissant.
Patrick Chamoiseau, écrivain


Née à Caracas (Venezuela), Anabell Guerrero vit et travaille à Paris et à Caracas. Elle a reçu le Prix Édouard Glissant en 2012.

www.anabellguerrero.com 

 


 

Nadia HUGGINS
Transformations

Huggins No 2 Left  Huggins No 2 Right

« Transformations » est une série de diptyques qui explorent la relation entre mon identité et l’écosystème marin.
J’ai créé ces portraits en utilisant des techniques de collage. Chaque portrait regroupe deux entités distinctes : mon corps et divers animal marin. En juxtaposant ces images avec un espace entre elles, chaque portrait est sur le point de devenir une image unique. Cet espace représente un moment transitoire où je retrouve la flottabilité et la séparation de l’environnement sous-marin pour refaire surface.
La transformation existe dans l’espace entre ces photographies. C’est à ce moment que le spectateur décide si ces deux mondes sont distincts ou capables de fusionner entre eux.

Photographe autodidacte, née en 1984 à Trinidad & Tobago, basée à Saint-Vincent-et-les-Grenadines depuis 2013, elle est cofondatrice du magazine ARC.

www.nadiahuggins.com

 


Françoise HUGUIER
Huguier

Pour Françoise Huguier, l’aventure de la mode commence avec les défilés qu’elle photographie deux fois par an, backstage et dans les ateliers. Ses photos apparaissent à partir de 1983 dans les pages du journal Libération.
Les directeurs artistiques de grands magazines comme Vogue, New York Times magazine, I-D, Women’s wear, Marie Claire Bis lui commandent des séries de mode. Elle réalise aussi des publicités pour Mugler, Lanvin, Lacroix...
En 1983, Françoise Huguier réalise pour Marie Claire Bis une série de photographies de mode en Martinique. Hautes en couleurs, ses photographies se nourrissent de situations observées par la photographe, qui lie reportage et mise en scène en intégrant dans ses images des figurants, habitant l’île.

Née en 1942 à Thorigny-sur-Marne, Françoise Huguier est une grande voyageuse qui se définit volontiers comme « photographe documentaire ». En 2014, elle a publié son autobiographie Au doigt et à l’oeil – Portrait d’une photographe, Sabine Wespieser éditeur.

www.francoisehuguier.net

 


 

Jean-Luc de LAGUARIGUE
De Laguarigue

Nord Plage

« Le village est maintenant totalement évacué et sa destruction bientôt achevée : la mer ayant sérieusement attaqué le rivage et les éboulements possibles de la falaise représentant un véritable danger pour ses habitants. L'effacement de Nord Plage met donc fin à un mode de vie de quartier.
La Martinique elle-même a subi de grands changements d'infrastructures et de mode d'habiter au cours de ces dernières années. C'est un endroit que j'ai perçu comme pouvant être une allégorie de tout la Martinique, des mutations difficiles et rapides qu'elle subit, de tout ce qu'elle perd et abandonne au passage ».

Gens de pays

« Mon idée est de révéler par la photographie l’âme de la mémoire qui se révèle alors être la clé d’une autre vision du monde. Des murs, des restes de couleurs, des visages, des postures, des abstractions inscrites dans le réel le plus banal, qui d’apparence relèvent d’un passé révolu ou en danger, s’érigent en sésame d’une autre vision des choses.
Édouard Glissant appelle cela « une vision prophétique du passé ». Cette alchimie photographique m’ouvre à toutes les dimensions de mon entour, aux formes les plus spectaculaires comme aux plus insignifiantes, aux visages les plus beaux comme à ceux que le travail ou la vieillesse a chargé d’une dimension nouvelle, emplis d’humanité en devenir ».

La matière d'une absence

Photographies et film sur les ruines de Saint-Pierre.
«
Il y a deux villes à Saint-Pierre, une ville invisible et une ville apparente, encore en devenir. La ville invisible soutient la ville apparente. Elle la canalise dans ses marques anciennes, lui fait office de soubassements et lui diffuse un charme exactement tragique ».
Patrick Chamoiseau, écrivain

Photographe martiniquais né en 1956, Jean-Luc de Laguarigue découvre très jeune la photographie. C’est par elle qu’il entreprend de redécouvrir son pays.

www.delaguarigue.com

 


 

Yohann LAMON
Saint-Joseph

Lamon

« Le but de mon travail était de faire un portrait réaliste de la commune de Saint-Joseph. Comptant environ vingt mille habitants, elle se situe dans la conurbation du centre de l’île, elle-même accueillant à elle seule la moitié de la population. Plutôt résidentiels, les lieux semblent souvent peu attractifs aux regards des nombreuses autres communes de l’île.
En conséquence, la ville devient plutôt passante, les quelques activités économiques semblent à elles seules encore maintenir du lien social. La fracture avérée entre les générations participe de cette désintégration du lien, chacune des parties ayant son point de rassemblement ».

Yohann Lamon arrive en Martinique en 1996 suite à la mutation de son père. Il résidera 13 ans dans la commune de Saint-Joseph. Il a été diplômé en 2016 au Campus Caribéen des Arts de la Martinique à Fort-de-France (DNAT option Design graphique).

 


 

Jean-François MANICOM
560 Route de Darbonne

Manicom

« 560 Route de Darbonne » (2011) est une série de nuit prise en Haïti devant la porte de l’orphelinat où je résidais. En Haïti on ne dort pas la nuit et enfants comme adultes continuent de vendre, de troquer et de chercher une subsistance et un mieux-être longtemps après le coucher du soleil.
Dans la poussière de la Route de Darbonne éclairée au hasard du passage des phares de voiture, les silhouettes graciles d’hommes et de femmes, vieux et jeunes, se découpent, émergent du noir profond, comme des ombres éphémères figées, dans des postures aussi fragiles qu’incroyablement élégantes disant autant la vulnérabilité que la force vitale envers et contre tout.


Photographe, réalisateur et curateur guadeloupéen, Jean-François Manicom est né en 1963 à Montpellier. Il vit et travaille à Birmingham, UK. En 2001, il reçoit le premier prix de la photographie caribéenne à La Havane, Cuba.


www.jfmanicom.com

 


 

 

Nicolas NABAJOTH
Homo Actum

Passionné d’images et de l’humain, Nicolas Nabajoth couvre avec cette série une suite de rencontres avec des hommes qui sont rarement dans l’icône. Ceux qui oeuvrent, sont au labeur de la fouille aux malangas, aux scènes d’extérieur comme d’intérieur, au coeur de l’activité qui fait le pays. Ceux souvent invisibles aux yeux d’une société avide de tout ce qui vient d’ailleurs et d’écrans.
Nathalie Hainaut, critique d'art

Dans une filiation esthétique proche du reportage social, Nicolas Nabajoth porte son regard d'auteur sur les mouvements de la société guadeloupéenne. Le noir et blanc lui permet de magnifier les formes et de donner à ses sujets une universalité.


Né en 1972 en France, Nicolas Nabajoth vit et travaille en Guadeloupe depuis la fin des années 90. Titulaire en 2012 d’un Master 2 en Conservation Gestion Diffusion des OEuvres d’Art du XXème et XXIème siècles à l’Université Paul Valéry - Montpellier III, il intervient en tant qu’enseignant libre Photographie-Iconographie à l’Université des Antilles à Pointe-à-Pitre.

 


  

Weena OUENSANGA
Ouensanga

« Mon travail tient avant tout d’une déambulation dans les entrailles de Fort-de-France. Suite aux importantes migrations des populations rurales vers le centre-ville, à la recherche de meilleurs conditions de vie, ces lieux sont d’abord habités à la hâte et parfois dans la précarité. Les escaliers épousent tout comme les maisons les flancs de collines qui entourent la ville. Ces escaliers sont souvent la colonne vertébrale des quartiers populaires. Ils traversent
de part en part les zones d’habitations laissant parfois des ramifications rhizomiques à droite et à gauche ».


Diplômée en 2016 au Campus Caribéen des Arts de la Martinique à Fort-de-France (DNAP Art), Weena Ouensanga est plasticienne.

 


Magali PAULIN

Noutéka

Paulin

« L’expression « noutéka » vient de la langue créole et est empruntée à l’écrivain Patrick Chamoiseau. Dans un passage de son livre Texaco, il évoque la migration et l’installation des esclaves libres vers l’intérieur des terres lors de l’abolition de l’esclavage en Martinique. Répétée comme une incantation magique, Noutéka traduit un chant de conquête et d’appropriation de la terre par ces hommes en quête d’identité.
En 2016, je pars deux mois dans la Caraïbe où je sillonne la Guadeloupe et la Martinique. Métisse d’origine martiniquaise, il s’agit cependant de mon premier voyage à travers ces îles, où vit toujours une partie de ma famille jusqu’alors jamais rencontrée. Cet ensemble photographique et vidéo dessine une traversée intime et subjective des territoires antillais et déploie les contours d’un territoire au-delà des cartes et du temps. »


D’origine martiniquaise, Magali Paulin, née en 1986, est diplômée de l’école nationale supérieure de la photographie d’Arles. Elle vit et travaille en France.


www.magalipaulin.com

 


 

Jean POPINCOURT
Popincourt

« Donner à voir les humains dans leurs oublis du temps qui passe, dans leurs pauses d’étrangeté poétique. Cette quête photographique ne s’abreuve que d’explosions de spontanéité ».
Dans la veine de la photographie noir et blanc de reportage, Jean Popincourt dresse un portrait social de la Martinique des années 70 et 80. Le témoignage documentaire est toujours sous-tendu par la recherche formelle de l’instantanéité, même si le photographe semble plus intéressé par les rencontres qe peuvent provoquer les photographies


Né dans les années 1950, Jean Popincourt se destine à des études d’espagnol. Après un DEUG obtenu à l’université de Santiago du Chili, il se forme en autodidacte à la photographie. A partir de 1990, il dirige Espace Image, studio spécialisé dans la création et la réalisation de visuels publicitaires et autres. Il a également enseigné la photographie à L’école d’Arts Plastiques de Fort-de-France.

 


      

Shirley RUFIN
Mythologies

Rufin

« Dans ma démarche plastique, l’image photographique est une passerelle pour manipuler le réel. Car je veux proposer une image sensible et non pas une image représentative du corps. Si l’on part du principe que la société façonne le corps, un corps sans contexte social est donc anonyme : il devient une pure utopie. Ainsi ma pratique fait état d’un processus de mise en crise de la perception du corps par une action chimique qui altère, défait, décompose, et, détruit l’image pour conduire à une perte du sujet.
A travers ce processus, le corps devient l’empreinte de l’instant photographique. Par la manipulation de son image il est transfiguré et devient une métaphore que je nomme : « Chimère Vaniteuse ». Je ronge l’image de ce corps en la dépossédant de sa surface, comme pour le marquer et l’authentifier dans une singularité qui lui permet de passer de l’ombre à la lumière ».


Née en 1985 à Paris, Shirley Rufin vit et travaille à Fort-de-France, Martinique. Diplômée avec les félicitations du jury, elle a obtenu le Diplôme national supérieur d’études plastiques à l’Institut régional d’arts visuels de la Martinique en 2009.

 


  

Les Étudiants du Campus Caraïbéen des Arts
Campus Caraibeen Eloi Blezes

© Sou-Aïna ELOI-BLÉZÈS


Le Campus Caraïbéen des Arts (CCA) est un établissement d’enseignement supérieur agréé par le ministère de la Culture et de la Communication et intégré au réseau des écoles territoriales supérieures d’art. Il compte actuellement une centaine d’étudiants.
C’est l’unique pôle d’enseignement supérieur d’arts visuels francophone de la Caraïbe et plus largement des territoires d’Amérique. Son principal enjeu : mettre en perspective le dispositif européen des écoles d’art territoriales au regard de cette vaste territorialité.

Photographies de Xiomara Croisa, Johann Capgras, Steeven Caupenne, Xiomara Croisa, Sou-Aïna Eloi-Blézès, Joshua Lapu, Kareine Narcisse, Cédric Pelage, Nelly Sicos, Coppélia Tétard, étudiants en 2e année.